Comunicação
Tatouage technologique et science-fiction
Où sont les technologies d’avenir?
Cerisy-la-Salle, France
04 / 09 / 2023
Resumo:

La pratique ancienne du tatouage a fait l’objet d’une évolution technique, depuis les balbutiements rudimentaires (scarification) jusqu’aux procédés les plus avancés, de la perforation manuelle au système d’aiguille électrique. Cependant, nous assistons aujourd’hui à une réinvention du tatouage qui peut interpeller notre quotidien et révolutionne déjà notre conception du corps humain et son rapport à la technologie. C’est le cas du tatouage technologique intelligent et numérique « biowearable » (tech-tattoo).
Appartenant à une nouvelle génération de matériaux fléxibles, ces tech-tattoos ont la capacité de capter, mesurer, analyser et émettre des données sur la biochimie du corps à travers des signes et des couleurs inscrits dans et sur la peau, selon qu’ils sont réalisés dans le corps avec de l’encre conductrice ou s’ils sont portés sur la peau. Avec ses bio-nano-capteurs, le tech-tattoo est capable de collecter des données et d’informer sur les maladies, la génétique, la chimie même de chaque individu tatoué. Il n’est donc pas surprenant de constater les développements intenses en cours du tech-tattoo par la médecine. Mais le tech-tattoo a aussi une utilisation explosive à des fins militaires et utilitaires, comme ceux de mesurer le niveau de stress des soldats pendant une guerre, de signaler la présence de produits chimiques pathogènes dans l’atmosphère, de suivre des individus dans l’espace, ou même de fournir un système de paiement, et de donner des instructions aux appareils Wi-Fi auxquels l’individu tatoué peut être connecté.
En fournissant une telle multitude de données intérieures et intimes, le tech-tattoo est en connexion permanente et instantanée avec les technologies de contrôle qui nous entourent. On peut même dire que le tech-tattoo « bio-wearable » fait du corps humain un écran tactile, une surface bio-tech, une toile intelligente et quantifiable, en un mot, cette figure de la science-fiction qui est le cyborg. C’est justement cela ce que dit Carson Bruns (un chercheur en nanotechnologie moléculaire à l’Université du Colorado qui développe une technologie de tatouage pour prévenir le cancer de la peau dû aux rayons UV) : « mon laboratoire travaille également sur un fil tatouable qui conduit l’électricité, tourné vers un futur de l’électronique tatouable. Préparez-vous pour la révolution cyborg ! »
Ma présentation essayera de penser les plus récents développements des tech-tattoos en mettant l’accent sur deux thèmes différents qui ouvrent à des perspectives presque opposées : 1. le renforcement de la biopolitique par les tech-tattoos comme dispositifs de contrôle et 2) la compréhension des tech-tattoos dans le contexte d’une philosophie vitaliste inorganique de la nature, à travers des concepts tels que « panmétalisme » et « phylum machinique », mis en avant par Deleuze et Guattari. Dans ces différences, ces deux perspectives permettent une surprenante problématisation de l’interaction homme-technologie dans laquelle on peut reconnaître l’importance de la pensée de Simondon.


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